Fleurs du vide, monde flottant

(Il est possible de commander un recueil plein d’illustrations et superbement auto-imprimé sur du papier recyclé. Voir boutikkk...)





1


Mercredi, presque 20 heures. Temps du pardon.

Temps de l’amour, le grand, le vrai, le sans limite…

Temps des rochers, de leur esprit qui est la voie.


J’ai la main d’un rocher. J’ai la main d’un rocher avec un trou au milieu, creusé par la mer, les océans, des eaux pleines de vie. Cercle vide au creux d‘une main de rocher.


Lorsque j’y glisse un œil, j’y vois un ciel étoilé, le cosmos, la vie.

                    Tous ensemble, sans exception.


C’est le temps de l’amour,

l’instant…



2


Le crépuscule dissimule un secret ce soir, un secret énorme, comme ces lourds nuages noirs qui jettent leur nuit sur la terre.

Un tableau de Rothko des plus sombre, sauf pour la silhouette des arbres sur la colline…

Le monde devient vite mystérieux lorsque le regard transperce sa coquille… C’est comme une fleur sur le point d’éclore, un mot sur le bout d’une langue, une caresse sur un corps couvert de cuir.

C’est si présent et si miraculeux,

                                   tout en restant caché…

Mystère !, Amour !, enfoui au fond du cœur !

Soir mystérieux, j’ai envie de prendre les humains dans mes bras.



3


La vérité est là,

Dans les fumées d’usines, dans les gaz d’échappement

Qu’on dise oui, qu’on dise non.


Dans les guns de la police

Les chambres à gaz, le zyklon B

Les cadavres boursouflés


La vérité est là

Un coucher de soleil sur le béton des villes

Un arbuste oublié, néons, supermarché.


Pourtant on devient fou,

on est perdu.

Le chemin des étoiles a été avalé par les réverbères de la ville.


La vérité est dans notre folie

Cachée en notre folie

Prostrée…

… mais accessible…




4


Maintenant, les humains vont plus vite

que le soleil, la terre et les étoiles,

les nébuleuses,

les galaxies.


De pensée en pensée,

tellement plus vite,

pensée après pensée…


Œil glissant de forme en forme,

pensée après pensée.


Même si béton et crottes de chien sont Bouddha,

le vacarme et les électricités des villes ont fait fuir les esprits

et la mort ne vient plus glisser dans les ombres des choses.

Que sommes-nous ?

Avez-vous entendu la nouvelle ?

La mort n’existe pas !


De pensée en pensée,

tous ces yeux qui clignotent

dans les lueurs des télés.




5


Voir les villages crépusculaires, « Champion » néon rouge,

recouverts par la neige d’un hiver nouveau.


Le train s’enfonce dans la chair parisienne

alors qu’il y a « fuck » graphé sur un wagon de marchandises.

         

                                              Ciel mauve,

                                        électricités orangées,

                                       nuit de dix-sept heures.


Nuit s’allongeant, avance, imperturbablement,

sur la blancheur yuyu apaisante…

Une neige à la démarche éléphantesque,

                                                 yuyu.


Un Mac Donald jaune, perché dans le ciel,

hurle sur le ciel gris.

Je viens de voir ma poubelle

sur un tas de déchets de dix mètres de haut,

                                     une putain de montagne !


Barres d’immeubles inhumains,

elles s’allongent, elles avancent,

Comme la nuit.


La nuit avance, blancheur bleutée,

yuyu, bientôt arrivé…


(yuyu, c’est un terme qui veut dire tranquille mais exact, comme la démarche de la tortue ou de l’éléphant)





6


Paris grouille et ciel d’hiver.

Oui, des humains vivent ici.

Les beautés tristes côtoient les âmes vides.

Vides de quoi ? Vides de vie.


Le béton a tout avalé.

Des murs gris sont sortis de nos cervelles

pour mieux nous engloutir.


Paris, Moloch, machine hurlante.


Même les lumières des ampoules et des néons

sont impuissantes face au néant,

et malgré cette chevelure blonde sur ce visage sino-brun,

belle entre toutes dans le RER jusqu’à Châtelet.


Cure eighty-one me remonte à la gorge.

Et c’est bien du Drowning man qu’il s’agit…




7


Blake Babies planant dans l’après-midi gris,

parfum de 93 flottant dans les fantômes des cheveux disparus.


Ils étaient là, ondulant sur le sommet de mon crâne, comme

une herbe folle. Cependant, un gazon discipliné encerclait

ce jardin d’aventure.

Quel bonheur de voir pousser cette touffe à travers la crasse.


Ah, splendide jeunesse remplie d’espoir,

tourments au creux du ventre pourtant,

une fois les rondes électroniques oubliées,

dans ces airs rock aux relents Nirvanesques,

Sonic Youth, Blake Babies, Jane’s Addiction,

puis plus tard un retour noir comme mon blouson de cuir

sur Einstürzende Neubauten et Bauhaus,

et piercings et tatouages biomécaniques

et fumée d’herbe dans les poumons,

Skate, Surf, flagellation,

histoire de retrouver un corps et des os.


La vérité surgissait-elle à travers les douleurs du corps et de l’âme ?

Il fallait les dépasser Arnold Arshskin, il fallait les dépasser,

Voir leur nature profonde, nature de bouddha, causes et effets…

Des yeux

             à ouvrir,

ne pas s’identifier…


Prunelles tombant sur les trottoirs d’asphalte,

néons rouges, reflets !

Deux mains jointes au niveau du nombril,

œuf cosmique, colonne verticale et énergie du ventre…


La vérité est là,

et les douleurs ne sont autre que pure lumière…


No more words…




8


Encore jeune, frais comme un crocus dans la neige du printemps,

Rimbaud a bu sa vie, s’est marché sur le visage, s’est broyé les os en ricanant.


Certains saddhus font la même chose,

Bouddha et Hakuin l’ont fait avant de s’éveiller.

                       Broyer les os,

                                   se libérer…


Rimbaud était-il libre ?

Ses chaussures défoncées ont soulevé toutes les poussières du monde.

          

Les poussières,

                       karma sans début ni fin…

Se broyer les os pour se libérer,

se broyer les os et mourir…


Je dirais,

mieux vaut ne pas mourir avant d’être libre…

Tous ensemble...



9


Jo Strummer, plein d’intuition,

Il a zigzagué et cherché, s’en ai approché.


Hey Jo !,

You’re still out there ?


Grandes gueules, tant de gâchis !

Ah, ces rockeus qui ont fait tout ce bruit

avant de se paumer sur les chemins de la gloire.


                                                 Ego…

Encore et toujours…


Han Shan, Ryokan, Bauls, Ginsberg, Milarepa !,

vous êtes les vrais punks !


                                                A moi !


Japhy, Japhy,

tu es vieux toi aussi,

Face de parchemin,

                                                à moi !





10


Il avance pieds nus sur la terre glacée,

Tombe la pluie, souffle le vent,

Il avance tout droit sur la terre glacée





11


O, face de lune,

ouvre les yeux

et vient danser



12


La vérité est là,

indéniable,

sous nos yeux.


Alors même si tout se casse la gueule

agressif béton névrosé,

c’est vraiment pas la peine

de cesser d’aimer les hommes.


Les murs des humains n’arrêteront

jamais les lumières de l’esprit…



.13


Elle vient de lire un morceau du « Voyage à Ixtlan ».


                        Tram…


Ses yeux voyagent,

ses yeux brillent comme deux cierges de Pâque au crépuscule.


Elle descend du tram, avance dans le chien-loup,

Les yeux brillants…





14


Le rythme de la rue.

La nuit.

Pourfendant les halos colorés,

bulles de vie dans les villes.


J’ai vu tant de visages.

Aujourd’hui.

Encore.


Des amours,

                  des fantômes,

                                    des oublis.


Nous sommes !

Enfin, c’est…


Eh oui, pourquoi chercher l’amour

lorsque tout est amour ?


Tu es là,       je suis là,

Une histoire de papillon et de fleur, je suppose,

comme celle écrite au-dessus du bar du temple

quand l’énergie y était encore,

quand le maître écrivait des poèmes,

que les disciples ouvraient grands leurs yeux…


Papillon, fleur, Parvati !

La montagne montera au ciel avec toi…



15


En tout cas,

L’amour hier n’existe pas

L’amour demain n’existe pas

Seul l’amour ici et maintenant existe


Demandez donc au petit squelette

immobile sous la lumière de la lune,

os blanchis par les soleils et les vents.

Que lui reste-t-il ?


Amour

Le vrai, le pur, le sans limite


Essayez voir, vivre en mourant à chaque instant…



           

 

 

POETRY’S

NOT DEAD

2008